La Source du Gouffre à Offranville (76) : une source pérenne au fonctionnement karstique temporaire

Janvier 2019

La source du Gouffre assure 50 % de l’alimentation en eau potable de l’agglomération dieppoise. Il s’agit en réalité d’un ensemble de sources plus ou moins diffuses qui jaillissent de la craie blanche à silex du Sénonien, au pied du versant ouest de la vallée de la Scie. Son débit total est évalué à 300 l/s. Le captage de la source qui remonte à 1535 et a connu divers aménagements au fil du temps afin de permettre l’acheminement gravitaire par un aqueduc de 6,4 km de long, d’un débit répondant aux besoins de la ville. L’apparition récente d’effondrements aux abords des sources a suscité la crainte de la présence en profondeur de conduits karstiques dont l’évolution serait susceptible de compromettre l’alimentation de l’aqueduc.

Diverses investigations ont été menées afin de poser un diagnostic sur l’origine de ces effondrements : analyse des données existantes sur le fonctionnement du captage et la qualité des eaux captées, suivi piézométrique, profils bathymétriques pour sonder le fond d’un étang au fond duquel jaillissent les sources principales, et des profils géophysiques de Polarisation Spontanée destinés à caractériser l’origine profonde ou superficielle des écoulements souterrains alimentant les principales sources.

Au terme de l’étude, l’origine karstique des effondrements a été écartée. En effet de nombreux indices attestent que le fonctionnement des sources n’est pas celui d’un aquifère karstique bien développé : absence de reconnaissance de conduits karstiques (travaux de captage et géophysique), débit et qualité des eaux assez stable (TAC = 27,9±1°F), crues importantes très exceptionnelles, pas de pics de nitrates ni de pesticides, pics de turbidité assez rares, modérés (< 40 NTU) et de courte durée (qqs h).

Cependant le traçage d’une bétoire à 4,5 km de la source a révélé une vitesse d’apparition élevée (270 m/h) assortie d’une restitution plurimodale étalée sur une douzaine de jours. Il suggère que des circulations karstiques peuvent être activées en période de hautes eaux, mais que les principales modalités de transit au sein de l’aquifère crayeux drainé par les sources du Gouffre concernent un milieu peu ou pas karstifié, essentiellement de type fissuré.

> Voir illustration ci-contre.

Retrouvez l’article rédigé par Paul-Henri Mondain et Christopher Boulay sur le site de la SGF.

2 liens à conserver :

 

  • SGF : Société Géologique de France.
  • CFH : Comité Français d’Hydrogéologie.
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